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la loutre à roulettes
20 décembre 2010

No et moi au cinéma

Le livre de Delphine de vIgan, je ne l'ai pas lu. Je me suis néanmoins arrêtée souvent sur la couverture et ce prénom qui retient, comme l'héroïne finalement, qui attache mais reste énigmatique. No, c'est Nora, une non-personne, une personne qu'on ne voit pas, qu'on ne veut pas voir et surtout pas entendre avec sa voix rocailleuse et trop forte, la voix cassée et un peu vulgaire que l'on attribue volontiers à celles qui vivent dans la rue. Lou, une adolescente précoce, décide de faire un exposé sur cette jeune femme, s'agrippe à elle comme à une bouée et cherche à la sauver de la vie de la rue. Malgré les justes réticences de son père, malgré les absences de sa mère, malgré le bon sens et les conventions, malgré No elle-même. Car on ne sauve pas qui ne veut pas être sauvé.

no_et_moi_filles_couch_es

De cette histoire, Zabou Breitman tire un film attachant, à l'image de ses deux héroïnes : Lou et No. Un film qui prend des adolescents livrés à eux-mêmes sur fond de crépuscule et de responsabilités bien trop lourdes pour leurs épaules encore frêles. Un film qui rappelle que ceux qui vivent dans la rue ont un sexe, un âge et une histoire, souvent chargée d'inextricables impasses. Un film habité, par elle-même en mère ravagée par la perte d'un enfant, par Julie-Marie Parmentier qui donne au rôle de nora une intensité et une densité incroyable, par la jeune fille qui joue Lou, petit bout solaire et qui joue sur la corde sensible, par son fils enfin.

no_et_moi_fille_gars

On se laisse emporter par l'histoire, les acteurs, la bande-son aussi, lourde, tendue comme la voix de Beth Gibbons qui accompagne Lou à la recherche de No dans les métros de la capitale. Un petit regret cependant : le dessin animé a trouvé une petite place dans le film, ainsi que quelques saynètes autour des parents, qui retracent bien le regard encore plein d'enfance que porte Lou sur la vie. J'aurais aimé voir ce regard étendu à de plus larges espaces du film, j'aurais voulu retrouver le côté expérimental des deux premiers films de la réalisatrice : L'homme de sa vie et Se souvenir des belles choses.

no_et_moi_parents

Ceci dit, Zabou nous livre encotre une fois une belle fable, pleine d'humanité triste, dont il reste, longtemps après le visionnage, une empreinte mélancolique, un regard plein de compassion pour ceux qui vivent dehors, quand nous mêmes, si bien emmitouflés sur nos quais de gare, nous avons si froid.

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Commentaires
L
ça fait longtemps que je vois le livre en librairie mais je passe toujours à côté en me disant "plus tard ..." avec ton billet j'hésite ; le film ou le livre ? c'est malin d'écrire des critiques comme ça on sait plus quoi choisir ;.)
M
No dans le livre c'est Nolwen... Je l'ai lu, je l'ai aimé.<br /> Je n'ai pas vu le film, mais j'ai un faible pour Zabou depuis "se souvenir des belles choses" que j'avais adoré (magnifique Isabelle Carré).<br /> J'ai vu un film avec Julie Marie Parmentier et je l'ai trouvée excellente.<br /> Quant à l'actrice qui joue Lou, son visage ne m'est pas inconnu, mais je ne sais plus dans quoi je l'ai vue.
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