quand la vie pèse lourd sur mon épaule
Parfois, la vie pèse lourd, terriblement lourd sur mon épaule et je ne sais pas quoi faire de tout ce poids qui fond sur moi sans crier gare. Parfois, la vie remonte en cris que j'étouffe dans ma gorge jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'un murmure parmi tous les autres que le quotidien charrie. Parce que je ne me donne pas vraiment le droit d'être celle qui se plaint, parce que je me déteste quand je me plains : il y a autour de moi des gens qui souffrent vraiment, qui ont des problèmes bien plus lourds que les miens et je ne me sens pas le droit de les rejoindre dans la souffrance. Parce que je me trouve futile dans ces moments là. Et égoïste.
Mais parfois, je ne peux plus rien y faire et les cris sont là qui fourmillent dans ma gorge, les petits paquets de larmes sont difficiles à ravaler. Ce soir, c'est comme ça. Il y a eu cette semaine, la tentative de suicide d'un de mes élèves préférés qui m'a beaucoup marquée et une équipe, qui l'ignore, dont il faut gérer la curiosité parfois mal placée, sans perdre mon calme, sans rien révéler de ce qu'ils n'ont pas à savoir. Il y a eu cette semaine, comme toutes les semaines depuis 4 ans et demie des larmes et des hurlements d'Isild, puis les paniques du Castor qui ne supporte pas tout ça, qui ne trouve pas ça normal. Et mes doutes. Mais, ce soir, justement ce soir, je suis bien résolue : Isild n'entendra pas qu'elle a un problème comme une rengaine de sorcière dansant autour d'elle. Isild n'ira pas voir un pédopsychiatre. Je n'hystériserai pas ses colères d'enfant qui tournent en rage, je l'accompagnerai de douceur, comme je l'ai fait hier matin, quand j'ai bercé ses cris et son inconsolable tristesse dans mes bras et qu'elle a fini par se calmer. Et je continuerai parfois à vous parler de mes doutes et de mes tourments de maman.
Parce que ce soir, mon père, qui ne m'appelle jamais, m'a appelée pour vider son sac de papa sur qui pèse toute une montagne de soucis. Mon petit frère ( j'ai un petit frère de 18 ans ) va mal, très mal. Il est en très grave échec scolaire, tellement en, échec que le lycée professionnel ne veut plus de lui et qu'il va falloir qu'il trouve un apprentissage ( autant dire mission impossible ). Et il est tellement mal qu'il fait une dépression et qu'il prend des médicaments qui l'abrutissent et l'empêchent encore plus de comprendre en cours. Et cette histoire, ça a commencé quand il était en moyenne section de maternelle. Et c'est un calvaire pour lui. Et pour ses parents. Parce qu'en maternelle, la maîtresse a commencé à lui trouver un air pas très normal et qu'elle s'est beaucoup moqué de lui. Alors, il est allé chez un pédopsychiatre, puis un orthophoniste, puis un psychomotricien. Personne ne lui a rien trouvé : un petit garçon timide, un peu rêveur, un peu lunaire, qui voulait devenir joailler. Mais c'était déjà devenu une rengaine : mon petit frère avait des problèmes. Et bientôt, on n'a plus jamais pu l'évoquer sans évoquer ces fameux problèmes. Pas assez sociable. Pas assez affirmé. Il ne voulait pas marcher sur les autres, mon frère. Il voulait qu'on le laisse tranquille. Puis, les problèmes sont devenus bien réels et visibles pour tout le monde : lui qui connaissait ses cahiers de poèmes par coeur n'a bientôt plus pu retenir une seule leçon. Il s'est senti bête. On le lui a dit. Souvent. Je crois qu'il voulait juste être un peu aimé et se sentir en séurité. Mais ça, ça n'a jamais été possible. Et moi, eh bien, moi, ça me brise le coeur de le savoir aussi mal et de me sentir si inutile. Et puis, aussi, représentante d'un système qui fonctionne à l'envers et qui broie des gens et qui n'admet pas toujours les faiblesses, ni les failles de chacun. Ce soir, j'ai juste l'impression que mon petit frère va finir par se suicider et que j'aurai assisté à une très lente désintégration de son être, toujours de côté, sans jamais rien faire pour lui, sans jamais avoir trouvé quoi faire pour lui. Alors,voilà un post déversoir qui m'évite de crier chez moi. Et puis, ce soir, je crois que je vais essayer de trouver des formations où il pourrait se sentir bien.