Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la loutre à roulettes
29 mars 2012

quand la vie pèse lourd sur mon épaule

Parfois, la vie pèse lourd, terriblement lourd sur mon épaule et je ne sais pas quoi faire de tout ce poids qui fond sur moi sans crier gare. Parfois, la vie remonte en cris que j'étouffe dans ma gorge jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'un murmure parmi tous les autres que le quotidien charrie. Parce que je ne me donne pas vraiment le droit d'être celle qui se plaint, parce que je me déteste quand je me plains : il y a autour de moi des gens qui souffrent vraiment, qui ont des problèmes bien plus lourds que les miens et je ne me sens pas le droit de les rejoindre dans la souffrance. Parce que je me trouve futile dans ces moments là. Et égoïste.

Mais parfois, je ne peux plus rien y faire et les cris sont là qui fourmillent dans ma gorge, les petits paquets de larmes sont difficiles à ravaler. Ce soir, c'est comme ça. Il y a eu cette semaine, la tentative de suicide d'un de mes élèves préférés qui m'a beaucoup marquée et une équipe, qui l'ignore, dont il faut gérer la curiosité parfois mal placée, sans perdre mon calme, sans rien révéler de ce qu'ils n'ont pas à savoir. Il y a eu cette semaine, comme toutes les semaines depuis 4 ans et demie des larmes et des hurlements d'Isild, puis les paniques du Castor qui ne supporte pas tout ça, qui ne trouve pas ça normal. Et mes doutes. Mais, ce soir, justement ce soir, je suis bien résolue : Isild n'entendra pas qu'elle a un problème comme une rengaine de sorcière dansant autour d'elle. Isild n'ira pas voir un pédopsychiatre. Je n'hystériserai pas ses colères d'enfant qui tournent en rage, je l'accompagnerai de douceur, comme je l'ai fait hier matin, quand j'ai bercé ses cris et son inconsolable tristesse dans mes bras et qu'elle a fini par se calmer. Et je continuerai parfois à vous parler de mes doutes et de mes tourments de maman.


 

100_6929

Parce que ce soir, mon père, qui ne m'appelle jamais, m'a appelée pour vider son sac de papa sur qui pèse toute une montagne de soucis. Mon petit frère ( j'ai un petit frère de 18 ans ) va mal, très mal. Il est en très grave échec scolaire, tellement en, échec que le lycée professionnel ne veut plus de lui et qu'il va falloir qu'il trouve un apprentissage ( autant dire mission impossible ). Et il est tellement mal qu'il fait une dépression et qu'il prend des médicaments qui l'abrutissent et l'empêchent encore plus de comprendre en cours. Et cette histoire, ça a commencé quand il était en moyenne section de maternelle. Et c'est un calvaire pour lui. Et pour ses parents. Parce qu'en maternelle, la maîtresse a commencé à lui trouver un air pas très normal et qu'elle s'est beaucoup moqué de lui. Alors, il est allé chez un pédopsychiatre, puis un orthophoniste, puis un psychomotricien. Personne ne lui a rien trouvé : un petit garçon timide, un peu rêveur, un peu lunaire, qui voulait devenir joailler. Mais c'était déjà devenu une rengaine : mon petit frère avait des problèmes. Et bientôt, on n'a plus jamais pu l'évoquer sans évoquer ces fameux problèmes. Pas assez sociable. Pas assez affirmé. Il ne voulait pas marcher sur les autres, mon frère. Il voulait qu'on le laisse tranquille. Puis, les problèmes sont devenus bien réels et visibles pour tout le monde : lui qui connaissait ses cahiers de poèmes par coeur n'a bientôt plus pu retenir une seule leçon. Il s'est senti bête. On le lui a dit. Souvent. Je crois qu'il voulait juste être un peu aimé et se sentir en séurité. Mais ça, ça n'a jamais été possible. Et moi, eh bien, moi, ça me brise le coeur de le savoir aussi mal et de me sentir si inutile. Et puis, aussi, représentante d'un système qui fonctionne à l'envers et qui broie des gens et qui n'admet pas toujours les faiblesses, ni les failles de chacun. Ce soir, j'ai juste l'impression que mon petit frère va finir par se suicider et que j'aurai assisté à une très lente désintégration de son être, toujours de côté, sans jamais rien faire pour lui, sans jamais avoir trouvé quoi faire pour lui. Alors,voilà un post déversoir qui m'évite de crier chez moi. Et puis, ce soir, je crois que je vais essayer de trouver des formations où il pourrait se sentir bien.

Publicité
Publicité
Commentaires
N
C'est ton frère. Déjà, pour commencer , renseigne toi sur mon véritable âge, car je n'ai pas 18 ans. Je n'ai jamais pensé au suicide , et je suis loin d'être un cas désespéré scolairement parlant. Si tu as quelquechose à me dire , dis le moi en face , et non pas derrière mon dos comme tu viens de le faire. A bon entendeur..
L
elles sont terribles ces stigmatisations qui nous poursuivent toute notre vie d'adulte, prononcées quand nous étions enfants par des adultes qui ne mesuraient pas tout le mal qu'ils pouvaient faire par leurs "simples" mots... Joailler ? Mais quelle aubaine d'avoir un rêve jeune... quel dommage que cela n'ait pas été respecté... Et quel monde détestable que celui qui ne respecte pas les rêves d'enfants et les enfants qui sortent de l'ordinaire....
O
Dans la vie parfaite, on aurait tous au moins un frère ou une sœur, des parents qui s'aiment, on serait tous en bonne santé, sans souci, sans fardeau. La vie rêvée. On grandirait. On aurait des enfants parfaits, un chéri adoré génial et drôle, un prince charmant. On serait belle et gaie et fraîche et incroyable.<br /> <br /> Mais la vie est loin d'être parfaite. Et qui pourrait ne jamais s'en plaindre ?<br /> <br /> Courage pour tout. Surtout pour ton frère. Quand je lis que tu penses qu'il en arrivera au suicide, je me permets de t'écrire. A 18 ans, on a toute la vie devant soi. Et même parsemée d'embûches, ça vaut le coup de la vivre, mais tu le sais. Si j'avais un frère comme le tien, il me semble que je lui parlerais franchement. Que j'évoquerais carrément ma peur. Avec le mot : suicide. Et j'essayerais de le faire parler sur ce qu'il ressent et sur ce qu'il espère de l'avenir. Les mots d'une grande sœur ont un pouvoir sur les frères, je pense. Courage.
N
Je pense à toi... les blogs sont faits pour ça aussi !<br /> <br /> courage ... c'est tellement normal !<br /> <br /> Je t'embrasse.
V
J'espère vraiment que ton frère va trouver sa voie et qu'il va s'épanouir en sortant du système scolaire… en tout cas il a la chance d'avoir une grande sœur attentive et aimante… courage, vous êtes ensemble et c'est une grande force !!!!
la loutre à roulettes
Publicité
la loutre à roulettes
Archives
Newsletter
Publicité