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la loutre à roulettes
9 avril 2013

otter blues

Il faisait beau ce dimanche quand je rentrais à la maison. Je regardais le soleil jouer dans les branches, allumer de drôles de flammèches dans les bourgeons. Je respirais à fond la froidure de l'air. Je revenais de Paris où j'avais passé une partie de l'après-midi seule. Je revenais contente et détendue. 

Dans le jardin, je les ai trouvées roulant à la queue leu leu : Salomé ouvrant la file sur un tricycle devenu trop petit, Isild suivant, aérienne sur sa trotinette et Suzy enfin sur le vélo d'Isild. Elles s'étaient vues par la fenêtre pendant la sieste, s'étaient appelées et, comme c'était dimanche et que c'était le printemps... Le castor a mis l'échelle contre le mur : Isild est passée de l'autre côté, puis ça a été le tour de Suzy. Il se peut qu'il en aille ainsi jusqu'à la fin de l'été; je ne m'en plaindrai pas, notre voisine est une chouette petite fille, très à l'aise dans ses baskets dont j'apprécie la bonne humeur communicative.

J'ai posé mes affaires, fait un thé, regardé le castor s'agiter autour du brasero, laissé mes pensées glisser le long des conversations enfantines. Je suis rentrée réserver un appartement en baie de Somme pour y passer deux ou trois jours pendant les vacances, histoire de prolonger le bonheur qui planait sur le week-end. On s'est dit que Salomé aurait peut-être encore besoin qu'on emmène le lit bébé. Et là, c'est parti sans que je ne m'y attende...

Suzy : Vous allez faire un bébé ?

Castor : Non, Suzy. Certainement pas. On a déjà deux filles. On n'en aura pas d'autre.

GAU_2616

 

Une gifle. Il faisait beau dehors. Et moi, j'avais un truc coincé dans la gorge dont je n'arrivais pas à me débarasser. Comme un gros paquet de larmes à ravaler. Ce soir, j'ai lu cet article : http://laitfraisemag.fr/2013/02/maman-a-40-ans/. Plus que les mots, ce sont les photos qui m'ont transportée totalement : je sentais le bébé, cette odeur de lait, de fermentation, de peau et de savon qui fait qu'on passerait des heures à respirer son enfant. Les larmes sont remontées dans ma gorge. Il n'y en aura peut-être sans doute pas d'autre, mais je ne suis pas prête à l'entendre. Salomé aura trois ans dimanche. Je suis ravie de retrouver plus d'autonomie, j'ai des envies qu'on ne peut satisfaire qu'avec des enfants grandis, mais je ne veux pas entendre que c'est fini. Je préfèrerais que ce soit fini pour un temps, laisser la parenthèse encore ouverte, me dire que peut-être dans quelques années, peut-être... moi aussi, je serai une maman plus vite fatiguée, mais plus mure, occupée à porter une dernière fois un tout petit enfant abandonné et confiant au creux de mes bras.

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